C’est la crise !

 

– C’est la crise ! Pas le temps de discuter, y a plus urgent.
– Quelle crise ?…
– On ne change pas de capitaine en pleine tempête.
– Même si c’est lui qui nous y a conduit ?

La crise n’est souvent qu’un prétexte pour ne rien changer ou pour nous imposer des réformes dont on ne veut pas.

Ne réfléchissez pas : c’est la crise !

Pour le pouvoir la crise c’est très pratique :
– Pour ses réformes il y a urgence,
– Pour les contestations c’est pas le moment.

Alors que c’est justement le moment où il faut prendre des décisions.
Avant qu’il ne soit trop tard, tant que l’on peut encore discuter sereinement.
C’est justement parce que la situation est tendue qu’il faut clarifier nos positions.

C’est la crise ?
Alors on remet tout à plat et on discute.

Ce n’est pas forcément dans les situations les plus difficiles que la population s’indigne ou se révolte. La misère immobilise. On ne pense plus qu’à survivre et c’est chacun pour soi.
C’est souvent dans des sociétés plutôt bien portantes que l’on assiste parfois à de grands changements. Je dis bien parfois, car il faut quand même un élément déclencheur.

C’est surtout un sentiment d’injustice qui pousse les gens à réagir. Mais il faut un petit peu d’espoir aussi.

On sait que l’on pourrait vivre mieux, mais au contraire, on voit que la situation se détériore. C’est ce décalage entre ce que l’on pourrait espérer et ce que l’on craint vraiment qui est motivant.
Mais il faut aussi que l’on comprenne que le sort des uns et des autres sont liés. Sinon chacun défend son bout de gras.

De la crise peut sortir de nouvelles solutions.
Mais la crise peut aussi être la solution des gouvernements pour tout neutraliser.

On se mobilise plus facilement pour défendre des acquis menacés que pour revendiquer de nouveaux droits.

Le syndrome de la grenouille & les complexes du peuple.

Plongez une grenouille dans de l’eau bouillante et elle saute immédiatement. Placez la dans de l’eau tiède puis chauffez doucement et elle se laissera cuire sans dire qwaa ?!
Contrairement à ce que l’on entend souvent, les gens ne sont pas trop exigeants. Ils peuvent facilement se mobiliser pour défendre ce qui leur semble juste et légitime. Mais si ils sont convaincus que c’est la crise, qu’ils vivent au-dessus de leurs moyens ils seront vite démotivés. La crise est bien pratique pour donner des complexes aux gens qui, du coup, acceptent leur sort comme une fatalité.
La crise, le marasme, la précarité, la rigueur… c’est l’eau tiédasse qui nous engourdit.
Et il est plus facile de paralyser par la peur du lendemain et par le fatalisme que de motiver par l’espoir.

 

Crise de foi ?
Une crise de défiance.
Le mal-être rend certains méfiants, méchants, ils ne veulent plus rien entendre.
D’autres préfèrent regarder ailleurs ou attendent une issue providentielle.
Ce ne sont pas des attitudes très constructives.
Pour y remédier il faut crever l’abcès.

 

Quelle crise ?
La crise économique ? Drôle de crise sans pénurie. On produit toujours plus chaque année, on gaspille, on pollue.
Donc ce n’est pas une crise économique mais une crise politique.
Alors on discute ?